Picasso aurait dit un jour que chaque enfant était un artiste. Il nous suffirait alors tout simplement de demeurer des artistes.
Si les choses pouvaient être aussi simples, on aurait envie de soupirer. Un génie a bien sûr la parole facile. Pourtant, il y a du vrai là-dedans : demandez dans une pièce remplie d’enfants qui sait dessiner. La plupart des petites mains se lèveront avec enthousiasme.
Les enfants ont la conviction qu’ils peuvent le faire ; mais pourquoi pas ? Ils créent quelque chose qui leur est propre, pour ainsi dire à partir de rien – un moment magique. Et ils ne comparent pas leur œuvre à ce que font les autres (mieux ou moins bien), et encore moins à leur « modèle ».
Si vous posez la même question à des adultes, rares sont ceux qui répondront. C’est déjà le premier obstacle. Ceux qui sont convaincus de ne pas savoir dessiner ou peindre n’essaieront même pas sérieusement – le cas classique d’une prophétie auto-réalisatrice. Ce qui constitue la méthode (et l’excuse) la plus efficace pour ne plus faire d’efforts.
En effet, à l’exception de Picasso et d’autres génies, le talent ne tombe qu’à moitié du ciel. L’autre moitié est de nature terrestre : un savoir-faire artistique qui doit être exercé et appris. Les débutants ne sont pas les seuls à savoir que ce n’est pas un jeu d’enfant. Même les personnes plus avancées dans leur métier créatif veulent et vont continuer à développer leurs capacités – tout simplement parce que cela procure du plaisir. Toutefois, au début, il faut avoir confiance en sa capacité à dessiner (et ensuite à peindre) – quelles que soient la manière et la qualité, peut-être motivée par les exemples simples de ce livret. Et que cela mérite ensuite d’aborder des sujets plus techniques et plus exigeants.
Il n’y a guère d’autre loisir qui apporte autant d’épanouissement dans la vie d’une manière aussi intime – une fois que l’on a surmonté l’obstacle du doute de soi, que l’on a pour ainsi dire redessiné et repeint. Pour cela, il est utile de se souvenir de l’insouciance avec laquelle les enfants se mettent au travail : pourquoi pas moi ? De ce point de vue, Picasso avait en tout cas raison : demeurons des artistes !