Apprendre, s’exercer, pouvoir : même si cela est toujours vrai, le plaisir n’est pas toujours au rendez-vous. Malgré tous nos efforts, rien ne semble réussir. Le mélancolique prédicateur biblique Salomon le savait déjà, même si ce n’était pas forcément en référence au crayon et au pinceau : « Il y a un moment pour tout et un temps pour toute chose sous le ciel. » (Ecclésiaste 3 Bible de Jérusalem, Verset 1).
Se plonger dans le travail créatif et y trouver l’épanouissement : des moments forts comme celui-ci existent, où la forme et la couleur, l’idée et le geste fusionnent de manière délicieuse, où l’apprentissage et la pratique résonnent à l’improviste. Mais malheureusement, cela ne fonctionne que rarement sur demande ; il est impossible de forcer la réussite.
Vous avez dégagé une heure de silence, préparé le matériel, une idée de peinture en tête ou un modèle devant vous. Et voilà que le crayon et le pinceau se rebellent, suivent leur propre chemin et s’égarent. Le Teckel a sa propre volonté et ne suit aucun trait de peinture. Le bateau ne se bat pas de manière dramatique sur une mer tumultueuse, mais se contente de s’agiter. À la place d’un beau Dahlia, c’est le doute qui s’épanouit, et même le citron fait tourner le dessin (pour s’en tenir à quelques exemples tirés de ce numéro).
Pourquoi persévérer ? Il est peut-être temps de passer à d’autres sujets avec une main légère. Un motif constitué de formes florales et de hachures ne vous posera pas d’obstacles ici et maintenant. Les dessins se répètent et, au bout d’un moment, commencent à se réaliser pour ainsi dire d’eux-mêmes. La main et l’esprit se concentrent sur le flux – ou flow – de l’événement, qui peut trouver son propre chemin sous l’idée directrice de l’image. Ce type d’exercice méditatif (et divertissant) de l’attention a en outre l’agréable effet secondaire de permettre de se familiariser facilement avec ses outils. Finalement, on obtient un graphique décoratif.
Il est certain qu’à d’autres moments, il est plus agréable de relever un véritable défi. Car il y a un temps pour tout. « Quel profit celui qui travaille trouve-t-il à la peine qu’il prend ? », notait Salomon, un sage, dans le livre de l’Ecclésiaste, 3:9, il y a 2400 ans. Et « Je vois qu’il n’y a de bonheur pour l’homme qu’à se réjouir de ses œuvres, car c’est là sa part. » (Ecclésiaste 3 Bible de Jérusalem, Verset 22).
Dans ce sens, ne vous compliquez pas trop la vie. Et faites-le bien !